Galerie du Buisson, 4 Rue du Buisson Saint-Louis 75010 Paris
De
la ligne à l'onde.
"La
recherche de la forme à partir d'une ligne m'amène fortuitement à
peindre non pas une forme, mais l'auréole de celle-ci, l'à-côté
de la forme, une onde. C'est comme si, pour reprendre la formule
d'Hantaï, je peignais à
l'aveugle,
dans un angle mort. La vision est comme obstruée, je suis dans
l'angle mort, dans le pli. Dans
le sillon familier de cette quête baroque, ma
ligne glisse vers une autre dimension
de
la forme.
Le hasard est de la partie, il intervient dans cet angle mort. Je
me livre à ce
jeu
subtile et paradoxal qui consiste à
essayer de saisir le contingent dans ce qu'il a de plus
insaisissable, de moins contrôlé. La peinture, c'est cela pour
moi, chercher la faille, là où
coïncident la couleur et le dessin, une
quête
au fil de la ligne, une rencontre avec l'informe et l'onde, une
exploration du devenir-forme.
Lorsque je me livre à ce jeu, je ne me soumets qu'à une seule
règle nécessaire : il
faut que tout soit lié, qu'on ne puisse plus discerner ce que l'on
voit, couleur ou dessin, peinture ou forme, début ou fin. De cet aveuglement doit surgir la vision. « Le trait
du Baroque, écrit Deleuze, c'est le pli qui va à l’infini 1 ».
Ma recherche picturale faite de courbes et de contre-courbes est en
cela baroque et ma « ligne sans fin » est infinie. À
travers elle c'est l'espace que je plie".
Juin 2016
1
Gilles Deleuze, Le pli, Leibniz et le Baroque, Paris, éd. de
Minuit, 1988, p. 5.
Ligne turquoise, ligne sans fin in-situ n° 4